• Rapport de l’AIEA sur l’Iran : Les « preuves » sont périmées !
    9 novembre 2011 - 13:20

     

    9 novembre 2011 (Nouvelle Solidarité) – Avant même sa sortie, le rapport de l’AIEA sur les activités nucléaires iraniennes a servi de tremplin à la propagande mondiale des va-t-en guerre. Sa publication hier a pourtant révélé l’absence de tout élément de preuve contre l’Iran.

    Toutes les affirmations ne reposent en effet que sur une seule phrase du rapport, au paragraphe 53 : « L’agence a de sérieuses inquiétudes sur de possibles dimensions militaires du programme nucléaire iranien » ; et sur ses annexes contenant de nombreuses accusations fournies principalement par les services britanniques, américains et français, et que l’agence n’a pas pu évaluer en détail. D’autre part, ces éléments d’accusation ne comportent aucune date !

    Préparant l’opinion à la guerre, les médias omettent de rapporter la suite du paragraphe 53 : « Après évaluation attentive et critique de la très grande somme d’informations disponibles, l’Agence les trouve crédibles dans leur ensemble. Elle indiquent que l’Iran a mené des activités servant au développement d’un dispositif explosif de type nucléaire. Les informations indiquent aussi qu’avant fin 2003, ces activités ont eu lieu sous un programme structuré, et que certaines de ces activités pourraient encore se poursuivre. »

    Qu’est-ce à dire ?? Dans leur évaluation officielle (NIE) de 2007, les services de renseignement américains concluaient que l’Iran avait eu un programme nucléaire militaire, mais qu’elle l’avait arrêté en 2003. Et le NIE de 2011, étouffé par Obama comme le fit Cheney avec les versions précédentes, maintient cette affirmation, selon les sources de l’EIR à Washington et du journaliste Seymour Hersh dans le New Yorker. Tous les éléments contenus dans les annexes du nouveaux rapport de l’AIEA et présentés dans la presse comme des preuves fraîches, datent en réalité d’avant 2003 !

    La seule affirmation concernant 2011 est que « des activités pourraient encore se poursuivre »... ça fait un peu court quand même pour déclencher une escalade nucléaire mondiale, non ? Et pourtant...
    Propagande anglo-américaine

    Dès que le rapport de l’AIEA a été remis aux Etats-membres de l’agence hier après-midi, il a été publié sur le site de l’Institute for Science and International Security (ISIS), un organe de désinformation stratégique tenu par le propagandiste David Albright, ancien employé de l’AIEA en Irak dont les méthodes ont été dénoncées par le célèbre inspecteur en armement de l’ONU Scott Ritter. L’ISIS est financée par la fine fleur de la finance anglophile américaine – les fondations Ford, Rockefeller, Smith-Richardson, etc.. Revêtu de son costume d’expert, Albright a été le premier a être interrogé hier par les agences de presse pour dire que l’Iran est une menace pour le monde.
    Ce que personne ne vous expliquera

    L’Agence internationale à l’énergie atomique exerce une étroite surveillance sur le programme iranien d’enrichissement de l’uranium, y compris par des dispositifs vidéo, afin de s’assurer qu’aucun matériau n’est détourné à d’autres usages que le nucléaire civil. Et lorsque l’on vous affirme que l’Iran possède suffisamment d’uranium enrichi pour quatre bombes atomiques, l’on devrait en fait vous dire qu’elle a suffisamment d’uranium enrichi à 20%, à condition qu’il soit détourné puis enrichi à 90% (le minimum pour l’usage militaire) dans des installations qui n’existent pas.

     

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    Iran : pour le Global Times c’est clair, la cible c’est la Chine et la Russie
    10 novembre 2011 - 14:32 

      

    source : http://www.solidariteetprogres.org/Iran-pour-le-Global-Times-c-est-clair-la-cible-c-est-la-Chine-et-la-Russie_08257

     

    10 novembre 2011 (Nouvelle Solidarité) – A la lecture de l’éditorial publié hier par la rédaction du quotidien chinois d’actualité international Global times (lié au Parti communiste chinois), il est clair que contrairement à nos dirigeants (le flippage de Juppé hier l’illustre), la Chine voit très bien ce qui se trame autour de la propagande de guerre contre l’Iran : un monde transatlantique aux abois se jette sur le monde Asie-Pacifique pour anéantir les trois puissances que sont la Russie, la Chine et l’Inde. Extraits.
    Les vents de la guerre soufflent sur l’Iran

    Ces derniers jours ont vu les tensions autour de l’Iran basculer vers le pire. Certains pensent que les Etats-Unis et Israël devraient s’associer pour frapper les sites nucléaires iraniens. Cela rappelle ceux qui ont encouragé l’OTAN à attaquer la Syrie il y a quelques semaines. (…)

    Même avec des pays plus grands comme la Chine et la Russie, certains cercles américains ont aussi appelé à une attaque pour éliminer une bonne fois pour toutes leur force nucléaire.

    Il semble que les victoires de la Guerre froide aient crée chez les Alliés une approche « On frappe, et après on discute » pour résoudre les problèmes internationaux.

    Il existait une réticence majeure face à la capacité de riposte iranienne. Elle semble s’amenuiser.

    La volonté publique d’attaquer l’Iran prend de l’ampleur parmi les dirigeants américains et israéliens. Ecouter l’opinion est vital, mais il y a d’autres facteurs qui font que l’attitude des occidentaux est inconséquente et désespérée.

    La crise financière montre des fissures dans le mode de vie occidental, rendant les gens anxieux et irritables. L’Histoire nous enseigne que la guerre peut très vite pointer son hideux visage dans de telles périodes. Il y a toujours des gens pour penser que les guerres sont un bon catalyseur pour se soustraire d’une crise.

    Alors que les Etats-Unis et les pays occidentaux doivent se battre économiquement, leur puissance militaire règne sans partage. Ce contraste est inévitablement tentant dans leur pensée stratégique mais aurait un impact profondément négatif sur la paix mondiale. (…)

    Les pays émergents sont occupés au développement économique. Aucune grande puissance parmi eux ne cherche la guerre. La rhétorique militaire sort habituellement de bouches occidentales. Où est-ce qu’aura lieu la prochaine guerre ? La guerre existe d’abord dans l’esprit de ceux qui sont obsédés par la puissance militaire. Si la guerre est considérée comme un outil pour résoudre les problèmes, de nouvelles excuses pour la faire peuvent aisément être trouvées.

    Quels que soient ses objectifs, la guerre inflige des désastres et engendre la catastrophe humaine. Ce fait ne devrait pas être ignoré par les puissances occidentales simplement parce que les guerres ont lieu à l’étranger. (...)

     

     

    voici la ref en copie :

     

    http://www.globaltimes.cn/NEWS/tabid/99/ID/683060/Winds-of-war-start-blowing-toward-Iran.aspx

    Winds of war start blowing toward Iran Global Times | November 09, 2011 02:04
    By Global Times
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    The last few days have seen tensions over Iran take a sharp turn for the worse. Some feel that the US and Israel should combine to strike at Iranian nuclear facilities. This is reminiscent of those who encouraged NATO to hit Syria a few weeks ago.

    Other countries that take an anti-Western stance, like North Korea, have also faced similar threats before. Even with bigger countries like China and Russia, elements in the US have also clamored for an attack to eliminate their nuclear power once and for all.

    It seems that Cold War victories entrenched a "bomb first, ask questions later" attitude to international problem-solving for the Allies.

    There used to be a major worry about Iran's retaliatory ability. This seems to be dwindling.

    The public impulse to attack Iran is gaining traction among US and Israeli policymakers. Listening to the public is vital, but there are other factors that make the Western attitude to war both frivolous and reckless.

    The financial crisis is showing cracks in the Western lifestyle, making people anxious and irritable. History teaches us that war can quickly raise its ugly head at such times. There are always those who think wars can be a catalyst to move past a crisis.

    While the US and other Western countries are struggling economically, their military power reigns supreme. This contrast is inevitably tempting in their strategic thinking but would have a profoundly negative impact on world peace.

    War has not plagued most developed countries at home for over half a century. And attacking Iran would not yield victims on their own territories.

    The definition of war has changed for the Western bloc. Small casualties suffered in recent wars has led to a more muted anti-war sentiment in the West than the furor seen during the Vietnam War.

    Many people say that the democratic system is most effective in preventing wars. But the US has taken part in many conflicts since the Cold War ended. Its excuse to pursue justice only holds up through the prism of American values. The root cause of endless wars is that they are regarded by the US as the quickest way to achieve its interests. US democracy has not become a device to stop wars.

    Emerging countries are busy with economic development. No big power among them seeks war. Military rhetoric is usually heard from Western mouths. Where will the next war happen? War first exists in the minds of those obsessed with military might. If war is treated as a tool to solve problems, new excuses for it can easily be found.

    Whatever its aims, war wreaks disaster and engenders the human catastrophe. This fact should not be ignored by Western powers simply because it will take place overseas. Humanitarian concerns should transcend all boundaries.



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  • Syrie: Le prétexte de la "guerre juste" et les "organisations humanitaires"
    Comment donner un "visage humain" à la guerre

    par Felicity Arbuthnot

     

    source : http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27506 

    Mondialisation.ca, Le 6 novembre 2011

     

    L’absolutisme trempé dans le meurtre - Ernst Munster, 1766-1839



    Allons, les amis, il est temps de passer à autre chose ! Il n’y a plus rien à voir ici. Un homme du pétrole qui a passé de nombreuses années aux Etats-unis a reçu le titre de "premier ministre intérimaire" de Libye. Le moment est venu d’aller renverser un autre gouvernement.



    Ne parlons pas des morts, des désespoirs, des destructions, des charniers et des assassinats de masse dont l’OTAN est responsable, ni du nettoyage ethnique perpétré au sol par les forces dirigées par ses services spéciaux. Il faut extraire le pétrole, se partager les contrats de reconstruction, se livrer un peu au pillage - et quasiment aucun compte ne sera demandé pour tous les avoirs libyens gelés qui sont rendus au compte goutte. Vous vous souvenez de la disparition des milliards irakiens ? Chaque jour on crée un précédent, chaque jour une nouvelle spoliation.



    Et la propagande habituelle, battue au point d’en être écornée mais toujours efficace, est de retour.



    Elle nous ramène 20 ans en arrière - en août 1990 pour être exact. A l’époque où les bébés koweitiens étaient arrachés à leurs incubateurs, jetés par terre et abandonnés à la mort par les soldats irakiens, aux dires d’une "infirmière" prétendant travailler au Koweït dont le témoignage était garanti par Amnesty International. C’était complètement faux mais ça n’en a pas moins constitué sans doute le point critique qui a servi de prétexte aux 42 jours de bombardement et à la première destruction de l’Irak sous le nom de "Opération tempête dans le désert". (1)



    En août dernier, on racontait que les bébés syriens étaient morts dans des incubateurs après que le président syrien Bashar al-Assad ait coupé l’électricité. Une photo montrait de pauvres petits êtres, serrés les uns contre les autres, et bizarrement couverts de sang.



    Cependant une méticuleuse enquête de Ali Abunima a soulevé des questions. La photo était en fait une photo trafiquée ; elle venait d’une revue égyptienne publiée antérieurement pour illustrer les conditions de surpopulation des unités de pédiatrie du pays - mais dans la photo originale les bébés étaient roses et un bonne santé.



    Puisqu’on voit s’épaissir le brouillard de la désinformation, il est utile de rappeler que le président Assad a fait des études de médecine, qu’il a exercé pendant des années comme médecin avant de se spécialiser en ophtalmologie au prestigieux hôpital St Mary de Londres. Sa carrière dans la médecine a été interrompue par la mort de son frère, Bassel, qui devait succéder à leur père, dans un accident de voiture à Damas en 1994.



    Quand un homme, qui a consacré sa vie à la médecine, est accusé de s’en prendre à des bébés, il faut quand même se poser des questions. De plus, en période d’agitation, un tel comportement aurait peu de chance de rallier les opposants.



    Le 25 octobre, Amnesty a publié un rapport de 36 pages qui était constitué principalement d’articles de journaux et de vidéos anonymes qui "prouvaient" que d’horribles exactions étaient commises dans les hôpitaux syriens ; on y trouvait une version des bébés arrachés aux incubateurs, "...on a enlevé son appareil respiratoire à au moins un patient inconscient... " avant de l’emmener, selon un "agent de santé" anonyme.



    Quatre jours après la parution du rapport, Amnesty a organisé une manifestation à Londres : "Plus de sang - Plus de peur", à l’extérieur de l’Ambassade de Syrie.



    Chris Doyle, le directeur du Council for Arab British Understanding, a dit aux manifestants que "même les ânes sont devenus les cibles de l’armée syrienne" et qu’on avait coupé l’eau parce que le gouvernement disait qu’elle avait été polluée par des drogues hallucinogènes. Faut-il être cynique pour penser que ça ne tient pas plus debout que le Viagra que le Colonel Kadhafi a donné à ses troupes - ou que les armes de destruction massive de l’Irak ?



    Mais Doyle a éclairé un peu les choses en demandant que "les organisations des droits de l’homme" puissent entrer en Syrie. Si Amnesty s’est servi d’informations de seconde main pour rédiger son rapport, peut-on lui apporter plus de crédit qu’aux bébés du Koweït arrachés aux incubateurs ?



    Franklin Lamb ne le pense pas et il a écrit un article détaillé sur ce qui se passe dans les hôpitaux syriens, à partir d’informations qui semblent récentes, libres et de première main. Il a aussi les numéros de téléphone de plusieurs membres du personnel médical qui veulent inviter Amnesty à venir se rendre compte par eux-mêmes.



    On dirait qu’on prépare l’opinion pour le changement de régime en Syrie. Aujourd’hui, "un diplomate de haut rang... et un ancien enquêteur de l’ONU" qui bien sûr "parlent tous deux sous condition d’anonymat" ont révélé que la Syrie a une installation nucléaire secrète.



    "On soupçonne" que la Syrie a utilisé des services de Abdul Qadeer Khan, "le père de la bombe atomique pakistanaise pour acquérir la technologie des armes nucléaires".



    Les installations ressemblent "beaucoup" à celles de la Libye à l’époque où ce pays essayait de développer des armes nucléaires. Cependant, avant de vous précipiter dans un abri atomique ou d’attraper une bombe à charge pénétrante de 2000lb (909kg), lisez la suite :



    Le complexe, situé dans la ville de Hasakah, semble être maintenant une usine de filature de coton et les enquêteurs n’ont trouvé aucun élément permettant de confirmer que ce site ait autrefois été utilisé à des fins nucléaires.



    Israël a bien sûr bombardé une installation "soupçonnée" d’être nucléaire en 2007, la question de la légalité d’une telle action étant comme d’habitude hors de propos.



    La Syrie est aussi souvent accusée de poser des mines le long de la frontière libanaise pour empêcher les infiltrations. C’est peut-être vrai, qui sait ? Si c’est vrai, le meilleur moyen de décourager cette entreprise serait de tendre la main à la Syrie. La plupart des gens prennent des mesures de protection quand ils se sentent menacés.



    C’est sûrement une coïncidence que les troubles qui ont mis la Syrie au coeur de l’actualité surviennent peu de temps après l’arrivée en Syrie du premier Ambassadeur étasunien depuis 2005.



    L’Ambassadeur Robert Ford est arrivé à Damas le 16 janvier de cette année. Le 31 janvier, une "journée de la colère" a été annoncée pour le 4 février. Comme l’a fait remarquer Michel Chossudovsy, l’Ambassadeur a un CV intéressant - dans lequel la diplomatie ne figure pas en tête de ses capacités. On ne le plus depuis qu’il a été bombardé de tomates.



    La Syrie est sous embargo depuis 2004. Les Etats-Unis ont gelé tous les avoirs du pays. Pourtant la Syrie a ouvert ses frontières à 2 millions de réfugiés irakiens après l’invasion de 2003 sans aucune contre-partie. La Libye en a accueilli 100 000. Les gens ne cessent de fuir et de mourir, les pays de la région vivent dans la peur constante d’être la prochaine cible. Mais ce sont les diplomates syriens que Kate Allen, la directrice d’Amnesty International, qualifie de représentants de "la répression et l’injustice".



    Peut-être qu’il faudrait plutôt balayer devant notre porte.



    Incidemment, le 31 octobre, le jour où la libération de la Libye a été annoncée et où la "mission" de l’OTAN a pris fin, c’était l’anniversaire du bombardement par les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France, de l’Egypte en 1956 pour les forcer à rouvrir le canal de Suez. Le même jour en 1968, Lyndon B. Johnson a annoncé la fin des bombardements du Vietnam du nord.



    D’interminables années de mensonges sous couvert de libération, et autant de détournements de fonds sous couvert de tyrans qui terrorisent leur population.



    Note



    1. John R. MacArthur, Second Front : Censorship and Propaganda in the 1991 Gulf War, November 1993, Chapitre 2.



    Felicity Arbuthnot est une journaliste spécialiste de l’Irak. Elle a écrit avec Nikki van der Gaag : "Baghdad in the Great City" et des séries pour World Almanac books ; elle aussi dirigé les recherches de deux documentaires de John Pilger qui ont gagné des prix sur l’Irak : "Paying the Price : Killing the Children of Iraq" et "Denis Halliday Returns" pour la télévision irlandaise.



    Article original en anglais: Syria. The Pretext to Wage a "Just War": How "Humanitarian Organizations" Provide a "Human Face" to War


    Traduction : Dominique Muselet pour Le Grand Soir

    Felicity Arbuthnot est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca. Articles de Felicity Arbuthnot publiés par Mondialisation.ca


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  • Tel Aviv ment au sujet de la menace nucléaire iranienne

    par Silvia Cattori

     

    source : http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27553 

    Mondialisation.ca, Le 9 novembre 2011
    Silvia Cattori - 2011-11-08

     

    Lors d’un entretien, réalisé en mai 2011, Giorgio S. Frankel, journaliste italien, avait répondu à nos questions au sujet des menaces que Tel Aviv profère régulièrement contre l’Iran. Alors que l’attitude arrogante et dominatrice d’Israël ne manque pas de choquer, et de faire peur aux Iraniens, dans l’extrait que nous rediffusons ici, Frankel se montre plutôt rassurant. Puisse-t-il dire vrai !



    Silvia Cattori : ...La pression continue exercée par Israël contre le programme nucléaire civil iranien en fait partie. Croyez-vous en une attaque possible de l’armée israélienne ou d’autres, contre des sites iraniens ?



    Giorgio S. Frankel : Je n’y crois pas parce qu’Israël a commencé à menacer d’attaquer l’Iran au début des années 90 ; ça fait 20 ans que les autorités israéliennes répètent qu’elles vont attaquer l’Iran, que l’Iran est en train de fabriquer la bombe atomique, que l’Iran est une menace. Mais quand, dans l’histoire, un pays menace de faire la guerre et ne la fait pas pendant vingt ans, il ne la fera jamais.



    Cette menace contre l’Iran sert à Israël pour maintenir un climat de tension au Proche et au Moyen-Orient. En menaçant plusieurs fois par an de faire la guerre à l’Iran, il crée une situation de péril aux États-Unis et en Europe. La probabilité qu’Israël attaque l’Iran est très faible. Mais si Israël attaque vraiment l’Iran, les conséquences mondiales seraient tellement catastrophiques que, même si tout le monde pense que la menace du gouvernement israélien tient du bluff, personne ne va vérifier si c’est vraiment du bluff.



    Israël n’est pas en mesure d’attaquer l’Iran, il suffit de regarder une carte géographique. Il doit passer à travers d’autres pays. Il y a deux ans, les États-Unis firent un cadeau empoisonné aux Israéliens. Comme Israël parlait du danger iranien, les États-Unis envoyèrent en Israël un grand appareil radar qui contrôle le ciel autour du pays sur des centaines de kilomètres. Cette station est gérée par des militaires états-uniens. Elle fut présentée comme un geste de solidarité envers Israël ; en réalité les Israéliens ne sont pas très contents. Parce que les États-Unis savent exactement ce que font les avions israéliens. Les États-Unis ont affirmé de façon récurrente qu’ils ne veulent pas une guerre contre l’Iran, parce que ce serait une catastrophe.



    Ce sont des périodes cycliques. De temps en temps les Israéliens sortent cette carte iranienne. On en parle pendant quelques semaines et puis ça s’arrête. Le général Moshe Yalon, vice-premier ministre et ministre pour les menaces stratégiques, a déclaré : le programme nucléaire iranien est en retard ; donc nous avons deux ou trois ans pour prendre une décision. Ceci est un message pour indiquer qu’en ce moment il n’y a pas de danger iranien. Ce danger sert aux Israéliens pour entretenir un climat de tension et contraindre les États-Unis et les Européens à faire certaines politiques. Les Israéliens espéraient créer un climat de tension suffisant pour provoquer un affrontement entre l’Iran et les pays arabes. Cette stratégie aussi a échoué.



    Combien de temps a-t-il fallu aux autres puissances nucléaires pour fabriquer la bombe atomique ? Les États-Unis dans les années 40, quand on ne savait même pas à coup sûr qu’on pouvait faire la bombe atomique, y ont employé trois années. Israël a mis dix ans. Maintenant on dit depuis plus de vingt ans que l’Iran construit la bombe. C’est la bombe atomique la plus lente de l’histoire ! L’agence nucléaire qui doit contrôler la bombe atomique continue à dire qu’il n’existe pas d’indices de programme militaire.



    La bombe iranienne sert à Israël pour créer des problèmes stratégiques dans la région. La grande peur d’Israël est qu’un dialogue politique ne s’ouvre entre les États-Unis et l’Iran. Après quoi l’Iran serait reconnu comme puissance régionale avec laquelle on doit parler et discuter.



    L’autre puissance régionale qui est en train de s’affirmer est la Turquie. À présent Israël a des problèmes avec la Turquie parce qu’elle pourrait devenir la principale interlocutrice des États-Unis, du monde arabe et du monde musulman.



    L’autre grande arme d’Israël est l’accusation d’antisémitisme. C’est une arme à laquelle les Israéliens ont un grand et immédiat recours. Toute forme de critique d’Israël est dénoncée comme acte d’antisémitisme. Au début cela faisait un grand effet ; aujourd’hui un peu moins ; tôt ou tard, elle perdra son importance. Quand on abuse de ces armes elles perdent leur valeur. Israël accuse tout le monde d’antisémitisme. Si un Juif critique Israël, on dit que c’est un Juif qui a la haine de lui-même.



    A la fin, ça aussi ça s’écroulera. Parce que l’antisémitisme est une chose ; la critique d’Israël en est une autre. D’antisémitisme, il y en a peu actuellement, dans le monde. S’il resurgit c’est parce que cette façon qu’ont les Israéliens d’établir une identité entre judaïsme et « israélisme » est vraiment dégoûtante : c’est là un terrain très glissant.



    Silvia Cattori : Pendant ces années d’offensive militaires par Tel Aviv, on a assisté, en France par exemple, à une intensification des accusations d’antisémitisme même de la part de militants de groupes de « juifs pour la paix ». Des accusations d’antisémitisme et de négationnisme, se sont mises à pleuvoir sur des journalistes ou des militants qui mettent en évidence l’idéologie qui a amené l’État juif à conduire des politiques inacceptables depuis le début [1]. Si comme vous le soulignez, critiquer la politique israélienne n’a rien à voir avec le racisme, que cherchent alors, en vérité, ceux qui accusent les gens d’antisémitisme ?



    Giorgio S. Frankel : La grande erreur est celle commise par les communautés juives dans le monde en tant que, comme communautés juives, elles pensent avoir le droit de parler au nom d’Israël. De nombreux Juifs non Israéliens pensent pouvoir, en tant que Juifs, avoir le droit de soutenir Israël. C’est leur droit. Mais cela comporte que, tôt ou tard, on imputera aux Juifs non israéliens ce que font les gouvernements israéliens. D’autre part, quand Israël proclame qu’il veut être reconnu non seulement comme État juif, mais comme État national du peuple juif, cela veut dire qu’il demande, au niveau international, que lui soit reconnue une sorte de primauté aussi à l’égard des Juifs qui sont dans les autres pays. Cela devient très dangereux.



    Silvia Cattori : Pourquoi dangereux ?



    Giorgio S. Frankel : Parce qu’à la fin il est possible que, dans l’avenir, Israël veuille interférer dans la politique intérieure d’autres pays sous prétexte que ce pays a une politique hostile aux Juifs. Chirac refusa de participer à la guerre contre l’Irak. Peu de temps après le premier ministre israélien Ariel Sharon déchaîna une politique hostile à la France en avertissant les Juifs français : faites vos valises, quittez la France, venez en Israël. A l’avenir les Israéliens pourraient se comporter comme si c’était à eux qu’il revenait de définir le destin des Juifs italiens ou français.



    Silvia Cattori : Cette arme de l’antisémitisme a toujours permis à Israël de mettre les gouvernements qui ne suivent pas la ligne politique de Tel Aviv sous pression. Cela fait donc vingt ans qu’Israël essaie d’inciter le reste du monde à intensifier la pression contre l’Iran pour l’isoler, le sanctionner, en empêchant son développement normal. D’après vous, y arrivera-t-il ?



    Giorgio S. Frankel : Je n’en sui pas convaincu, parce que l’Iran jusqu’ici est protégé par la Chine et en partie par la Russie. Il a de bons rapports avec ses voisins : Turquie, Irak et avec des pays comme l’Azerbaïdjan et la Géorgie. Il a de bons rapports avec le Pakistan, avec l’Inde, avec les pays arabes du Golfe, en particulier avec le Qatar. Il est en train d’étendre sa présence diplomatique en Amérique latine. L’Europe suit la ligne dure : mais d’autres pays ne la suivent pas.



    Les Israéliens mènent cette déstabilisation intérieure de l’Iran par le biais d’attentats, de massacres, etc. ; c’est ce qu’ils sont probablement en train de faire. Il faut voir s’ils vont y arriver.



    Silvia Cattori : Israël seulement et pas les États-Unis [2] ?



    Giorgio S. Frankel : Tous les deux. Mais surtout les Israéliens.



    Silvia Cattori : Pourquoi « surtout les Israéliens » ? Ont-ils des moyens particuliers de pénétration et de manipulation des minorités ethniques ?



    Giorgio S. Frankel : Le problème de la stabilité de l’Iran est très complexe. On peut entrer clandestinement dans plusieurs zones. Il y a des populations hostiles au gouvernement central. Le Kurdistan est la région la plus importante pour le pétrole. Une minorité sunnite y vit. Il suffit de leur fournir des financements pour l’entraînement et de leur fournir des armes. Ce genre d’opérations s’appelle « la guerre de l’ombre ». Les possibilités d’intervention sont nombreuses.



    Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio (24.06.2011)

    Entretien Giorgio Frenkel en entier :
    http://www.silviacattori.net/article1689.html

    Texte original en italien (25.05.2011) :
    http://www.silviacattori.net/article1639.html



    Notes


    [1] Voir : “1001 bugie su Gilad Atzmon” (“1001 mensonges sur Gilad Atzmon”), de Gilad Atzmon, comedonchisciotte.net , 2 novembre 2006.



    [2] Le journaliste Bob Wedford affirme que les services de la Cia, du Mossad et du MI-6 collaborent pour conduire des actions de sabotage contre l’Iran. En 2009 et 2010, l’Iran a arrêté plusieurs espions d’origine états-unienne entrés illégalement, parmi lesquels une femme qui possédait des « hidden spying equipment ». La France mène une diplomatie agressive contre l’Iran depuis que, en 2007, le président français Sarkozy a parlé de la possibilité de bombarder l’Iran. On se souviendra de l’appel de Bernard Kouchner aux nations, pour « se préparer au pire », à la « guerre » contre l’Iran.

    Silvia Cattori est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca. Articles de Silvia Cattori publiés par Mondialisation.ca


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  • Grèce : Lettre ouverte aux peuples d’Europe

    par Mikis Theodorakis

     

    source :  http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27486

     

    Mondialisation.ca, Le 5 novembre 2011
    - 2011-10-28

    Alors que la Grèce est placée sous tutelle de la Troïka, que l’Etat réprime les manifestations pour rassurer les marchés et que l’Europe poursuit les renflouements financiers, le compositeur Mikis Theodorakis a appelé les grecs à combattre et mis en garde les peuples d’Europe qu’au rythme où vont les choses les banques ramèneront le fascisme sur le continent.

    Interviewé lors d’une émission politique très populaire en Grèce, Mikis Theodorakis, figure emblématique de la résistance à la junte des colonels, a averti que si la Grèce se soumet aux exigences de ses soi-disant "partenaires européens", c’en sera "fini de nous en tant que peuple et que nation". Il a accusé le gouvernement de n’être qu’une "fourmi" face à ses "partenaires", alors que le peuple le voit comme "brutal et offensif". Si cette politique continue, "nous ne pourrons survivre (…) la seule solution est de se lever et de combattre".
    Résistant de la première heure contre l’occupation nazie et fasciste, combattant républicain lors de la guerre civile et torturé sous le régime des colonels, Mikis Théodorakis a également adressé une lettre ouverte aux peuples d’Europe, publié dans de nombreux journaux grecs.

    Extraits :

    "Notre combat n’est pas seulement celui de la Grèce, il aspire à une Europe libre, indépendante et démocratique. Ne croyez pas vos gouvernements lorsqu’ils prétendent que votre argent sert à aider la Grèce. (…) Leurs programmes de « sauvetage de la Grèce » aident seulement les banques étrangères, celles précisément qui, par l’intermédiaire des politiciens et des gouvernements à leur solde, ont imposé le modèle politique qui a mené à la crise actuelle. Il n’y pas d’autre solution que de remplacer l’actuel modèle économique européen, conçu pour générer des dettes, et revenir à une politique de stimulation de la demande et du développement, à un protectionnisme doté d’un contrôle drastique de la Finance. Si les Etats ne s’imposent pas sur les marchés, ces derniers les engloutiront, en même temps que la démocratie et tous les acquis de la civilisation européenne. La démocratie est née à Athènes quand Solon a annulé les dettes des pauvres envers les riches. Il ne faut pas autoriser aujourd’hui les banques à détruire la démocratie européenne, à extorquer les sommes gigantesques qu’elles ont elles-mêmes générées sous forme de dettes.

    Nous ne vous demandons pas de soutenir notre combat par solidarité, ni parce que notre territoire fut le berceau de Platon et Aristote, Périclès et Protagoras, des concepts de démocratie, de liberté et d’Europe. (…)

    Nous vous demandons de le faire dans votre propre intérêt. Si vous autorisez aujourd’hui le sacrifice des sociétés grecque, irlandaise, portugaise et espagnole sur l’autel de la dette et des banques, ce sera bientôt votre tour. Vous ne prospérerez pas au milieu des ruines des sociétés européennes. Nous avons tardé de notre côté, mais nous nous sommes réveillés. (...)

    Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en Tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme."


    Mikis Theodorakis

    Le 28 octobre 2011.

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