• Réforme de la santé : faut-il avoir peur d’Obama ? 
    31 août 2009 - 18:38 

    source :Réforme de la santé : faut-il avoir peur d’Obama ?

    31 août 2009 (Nouvelle Solidarité) — Nat Hentoff est un écrivain et journaliste qui se bat depuis les années 1960 pour la liberté d’expression et contre le retour d’un Etat policier. Dans un article paru dans le Jewish World Review du 19 août et intitulé Pourquoi la Maison Blanche finit par me faire peur, il écrit :

    « Je ne me suis pas laissé intimider pendant la chasse aux sorcières menée par le FBI de J. Edgar Hoover contre les reporters, comme moi-même qui le critiquais. Je me suis insurgé, sans flancher, contre la guerre à la Charte des droits menée par Bush et Cheney. Mais aujourd’hui, je fini par avoir peur de la Maison Blanche. La réforme de la santé voulue par le président Obama prévoit qu’un haut conseil (similaire au modèle britannique) – tel le Center for Health Outcomes Research and Evaluation dans la proposition de loi démocrate actuelle – décide si la qualité de votre vie, quel que soit votre parti politique, mérite des financements publiques pour vous maintenir en vie. Prenez garde à cette disposition décisive sur la vie, dans la loi définitive. Elle figure déjà dans la loi de reprise adoptée. »

    Hentoff cite, à l’appui de son argument, le Dr Ezekiel Emanuel, conseiller de la Maison Blanche en matière de santé, ainsi que Charles Lane, du Washington Post, et Wes Smith, un activiste opposé à l’euthanasie. « Quoi que fasse le Congrès à son retour de vacances, le rationnement reste une partie intégrante de l’éventuel grand plan de santé d’Obama. »

    Le caractère liberticide de cette réforme a aussi été dénoncé par une des figures de proue de la gauche new-yorkaise, le critique d’art Lee Siegel, dans un article intitulé L’erreur d’Obama sur l’euthanasie.

    Parmi les raisons ayant poussé le Président à défendre une « initiative utilitariste » ouvrant la voie à l’euthanasie, Siegel pointe du doigt deux influents professeurs de la Faculté de droit de l’Université de Chicago, où Obama était chargé de cours : Richard Posner (« un défenseur enthousiaste de l’euthanasie et un eugéniste énergique ») et Cass Sunstein (un disciple de Posner qui est convaincu par « la pratique statistique consistant à prendre en compte les années d’espérance de vie pour évaluer une prescription »).

    Le Center for Health Outcomes Research and Evaluation que cite Nat Hentoff, figure dans la Section 219 du projet de loi du Sénat, sous le sous-titre B (Amélioration de la qualité du système de santé) de l’intitulé II relatif à la réforme de la qualité et de l’administration des soins.

    Suivant cette section, le Centre aura pour tâche, entre autres, de « coordonner, conduire, soutenir et synthétiser les recherches portant sur les résultats et l’efficacité comparatifs de toute la palette des traitements médicaux, y compris médicaments, appareils médicaux, procédures médicales et chirurgicales, dépistage et diagnostics, suivi psychologique et autres interventions sur la santé ».

    Des précisions sont données sur la mise sur pied d’un Conseil consultatif de 19 membres qui « assure la transparence », bien que sa relation avec le Centre ne soit pas clairement définie. Toutefois, une tentative est faite de dissimuler la véritable intention, en affirmant que « les rapports et recommandations du Centre ne seront pas interprétés comme des instructions affectant le financement,laprise en charge ou la nature des traitements. »

    Le sénateur républicain Sam Brownback précisait le 3 août que son collègue Mike Enzi avait proposé un amendement destiné à interdire à un tel centre d’évaluer un traitement en termes de « qualité de la vie » ou d’ « efficacité des coûts », pour ensuite « refuser aux patients les avantages de Medicare ».

    Les démocrates ayant rejeté l’amendement en question, au nom de la discipline du parti, le nouveau Centre serait effectivement autorisé à imposer des restrictions sur les traitements medicaux.

    Article : Réforme de la santé : les Américains se révoltent contre le fascisme financier


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  • Des rustines pour la récession: Les solutions de la chiffe-molle à la tête de la FED

    source : alterinfo 

    Une enquête récente montre que la plupart des économistes pense désormais que la récession, qui a débuté en décembre 2007, se terminera au quatrième trimestre 2009. La confiance des consommateurs et des fabricants a connu une légère hausse et la chute des prix de l’immobilier semble se stabiliser. Malheureusement, le retour à un PIB positif sera probablement mort-né. La hausse actuelle de la production est principalement la conséquence du plan de stimulation fiscale du Président Obama et de la reconstitution des stocks qui se sont considérablement réduits après la faillite de [la banque] Lehman Brothers en septembre 2008. Ces facteurs devraient donner un coup de fouet au PIB pendant deux, voire trois trimestres, avant que l’économie ne replonge dans la récession. 

    Par Mike Whitney 
    CounterPunch, le 30 août 2009 
    article original "Chairman Milquetoast's Solutions"

     

    L
    es problèmes les plus graves auxquels est confrontée l’économie n’ont pas été abordés et encore moins résolus. La dépense des consommateurs et les prêts bancaires se contractent toujours, et les banques croulent sous 1,5 trillions [1.500 milliards !] de dollars d’actifs toxiques et de prêts défaillants. Le système de crédit de gros (la titrisation), qui fournissait jusqu’à 40% du crédit circulant dans l’économie, ne fonctionne pratiquement plus. Personne ne sait vraiment si l’on peut sauver le système ou non. A un niveau fondamental, le système est détraqué et ni les taux d’intérêt à 0% de la FED ni le plan gigantesque de stimulation fiscale d’Obama n’ont inversé la tendance baissière qui prévaut. Le capital a cessé de circuler ; la vélocité de l’argent a ralenti pour atteindre son point-mort. C’est vrai, les choses empirent moins vite, mais les signes d’une « reprise » sont aussi faibles et irréguliers que le souffle d’un mourant. 

    Les médias financiers ont joué un rôle clé pour restaurer la confiance du consommateur. Les reportages négatifs sont éliminés ou remisés dans les dernières pages en petits caractères, tandis que les améliorations les plus modestes dans l’immobilier, des revenus des entreprises ou des ventes « ridiculement faibles » sont tambourinées en caractères gras dans les gros titres. Naturellement, l’essentiel de l’attention des médias s’est concentré sur le rallye boursier des six derniers mois. Le S&P 500 a bondi de 52% depuis son plus bas du 9 mars. Mais les investissements ont à peine réagi à cet océan de liquidités que la FED a déversé dans le système financier au moyen de son assouplissement quantitatif (quantitative easing - QE) et des échanges de liquidités [avec les autres banques centrales]. L’analyste financier Andy Xie explique comment tout cela fonctionne dans son article "New Bubble Threatens a V-shaped Rebound" [une nouvelle bulle menace un rebond en V] : 


    « Les banques centrales, dans le monde entier, bien qu’elles ne l’aient pas fait délibérément, ont créé une nouvelle bulle de liquidités. Celle-ci s’est d’abord manifestée en faisant monter les prix des matières premières, puis les cours des actions et, dernièrement, certains marchés immobiliers… 

    « Une pure bulle liée aux liquidités excédentaires, qui affecte un ou plusieurs actifs financiers, ne peut pas durer longtemps. Son effet multiplicateur sur l’économie au sens large est limité. Elle pourrait avoir un impact limité sur la consommation, dû à l’ « effet de richesse » [une augmentation de la consommation due au sentiment perçu que les choses vont mieux].

    Comme cette bulle ne stimule pas l’offre et qu’elle n’améliore pas la productivité, on peut raconter ce que l’on veut, mais les spéculateurs finiront par se rendre compte qu’il y a des passages manquants dans cette façon de raconter les choses. Il ne leur faudra pas longtemps pour fuir [les marchés]. Qui plus est, une pure bulle de liquidités sans le soutien de la productivité peut mener facilement à l’inflation, conduisant à un durcissement des prévisions, lequel déclencherait l’éclatement de cette bulle

    « Ce que nous voyons maintenant dans l’économie mondiale est une pure bulle de liquidités. Elle s’est manifestée dans plusieurs classes d’actifs. Les plus visibles sont celles des matières premières, des actions et des bons du trésor. L’histoire qui soutient cette bulle est que la stimulation fiscale conduirait à une reprise économique rapide et que la différence [positive] dans la production pourrait maintenir l’inflation à un faible niveau. De plus, dans le sillage de ce scénario, les investisseurs pourront espérer à la fois des revenus élevés pour les entreprises et des faibles taux d’intérêt, une sorte de conte de fée pour la bourse. 

    « Ce qui s’est passé en Chine au cours du deuxième trimestre et qui commence à se produire aux Etats-Unis au troisième trimestre semble étayer ce point de vue. Je pense que le marché est trompé. Les forces motrices du rebond actuel sont le cycle des stocks et le plan de stimulation du gouvernement. » Andy Xie, "New Bubble Threatens a V-Shaped Rebound" 
    Les faibles taux d’intérêt et les programmes de monétisation du Président de la FED, Ben Bernanke, ont inondé les marchés [de liquidités] et créé l’illusion d’un redressement économique. Mais les investisseurs et les consommateurs restent sceptiques. En fait (selon zero hedge), au cours des six derniers mois, moins de 400 milliards de dollars sont passés des marchés monétaires vers les actions, même si leur valeur indicielle a augmenté de plus de 2,7 trillions de dollars. Alors, d’où vient tout cet argent ? La FED a pris sur son bilan pour des trillions de dollars de titres toxiques, fournissant ainsi aux institutions financières les liquidités dont elles ont besoin pour gaver le marché boursier. Avec la titrisation qui est en miettes, les banques ont moins d’occasions pour atteindre leurs prévisions de revenus. Le crédit est en baisse, mais la spéculation en hausse. En très forte hausse. 

    Bernanke sait que ni le plan de stimulation ni les liquidités ne répareront l’économie. Cela, parce qu’un grand nombre d’institutions financières qui ont contracté des prêts auprès de la FED sont techniquement insolvables. (Emprunter plus d’argent n’est d’aucun secours si vous êtes déjà dans le rouge foncé.) Il s’est quand même engagé par tous les moyens à maintenir les grosses banques à flot et à rafistoler le système défectueux du crédit de gros. Voilà pourquoi Bernanke n’aurait pas dû être reconduit dans ses fonctions. C’est vrai, il a fait preuve d’une imagination et d’une habileté impressionnantes en injectant des liquidités dans le système financier, mais il n’a rien fait pour redresser les institutions financières insolvables ou pour purger du système les actifs toxiques et les prêts défaillants. La FED a simplement fourni une plate-forme de sécurité assez solide, financée par le contribuable, pour étayer un système pourri afin qu’il tienne un peu plus longtemps. En quoi cela peut-il être bon ? 

    Dès 2006, la Banque des Règlements Internationaux (BRI) avait mis en garde qu’une politique monétaire inconsidérée et des instruments complexes de gestion de la dette accroissaient le risque systémique et pouvaient déclencher un effondrement de type 1930. En juin 2008, le Telegraph britannique écrivait : 
    « Il y a un an, la Banque des Règlements Internationaux a causé quelques frayeurs au monde financier en le prévenant que nous pourrions bientôt nous retrouver face à des défis que nous n’avions pas connus depuis le début de la Grande Dépression. Dans une attaque acérée contre la Réserve Fédérale des Etats-Unis, elle [la BRI] a dit que les banques centrales découvriraient qu’il n’est pas facile de « nettoyer [la merde] », une fois que les bulles immobilières auront éclaté. […] 

    « La cause fondamentale des problèmes actuels qui émergent est la croissance excessive et imprudente du crédit sur une longue période. […] La FED et les banques centrales semblables ont instinctivement réduit un peu plus les taux d’intérêts avec chaque cycle, afin d’éviter d’affronter le mal. L’effet a été de remettre à plus tard le jour où tout se paye. […] 

    « Si jamais les gouvernements ressentaient la nécessité d’agir directement pour alléger le fardeau de la dette, il serait crucial qu’ils comprennent d’abord trois choses : si les prix des actifs sont irrationnellement élevés, ils doivent chuter ; si les taux d’épargne sont irrationnellement bas, ils doivent monter ; et, si les intérêts des dettes ne peuvent être honorés, ils doivent être passés par pertes et profits. Nier tout ceci en utilisant des gadgets et des palliatifs ne fera, au bout du compte, qu’aggraver les choses. » (UK Telegraph) 
    Loin de tenir compte de la mise en garde de la BRI, Bernanke a foncé tête baissée dans la direction opposée, faisant tout ce qui était en son pouvoir pour éviter que ne soient révélés les véritables prix des actifs douteux – les titres adossés aux hypothèques et autres actifs toxiques – et pour les maintenir artificiellement élevés en fournissant des prêts revolving sur leur pleine valeur aux institutions financières en train de couler. En même temps que la FED utilisait les fonds publics pour faire monter les marchés financiers, Bernanke ignorait les tentatives du Congrès pour découvrir quelles sociétés avaient titrisé ces prêts, combien ces prêts valaient, les conditions sous lesquelles ces titres avaient été émis et la véritable valeur « mark-to-market » [c’est à dire par rapport au marché à un instant T][1] des nantissements acceptés par la FED. Le 24 août 2009, un juge fédéral, statuant sur une affaire que Bloomberdg News avait portée devant lui contre la FED, a décidé que « la Réserve Fédérale doit faire des comptes-rendus publics sur les bénéficiaires de prêts d’urgence financés par les contribuables américains en vertu des programmes créés pour répondre à la crise financière ». Il n’y a aucun doute que la FED refusera de fournir les informations pertinentes, puisqu’elles exposeraient sûrement les relations intimes que la FED entretient avec les plus grosses banques du pays. 

    L’obstructionnisme de la FED dans l’affaire Bloomberg et son refus de laisser le Congrès auditer ses livres sont en contraste flagrant avec l’engagement déclaré de « transparence » de Bernanke, un mot à la mode pratique, invoqué par les escrocs et les charlatans lorsqu’ils sentent la corde se resserrer autour de leurs cous.


    Bourgeonnements ou « autosuggestion »


    Le marché obligataire n’a pas été dupé par le matraquage intensif sur les « bourgeonnements » [signes de reprise économique]. Comme le fait remarquer Paul Krugman :


    « Les rendements nets sur la plupart des bons du trésor à long-terme sont plus faibles aujourd’hui qu’ils ne l’étaient fin-mai, même si l’économie a montré des signes de reprise. Le rendement du bon du trésor à 10 ans est de 3,45% aujourd’hui, alors qu’il était de 3,74% le 27 mai. […] Il n’y a aucune indication dans cette donnée qui puisse faire craindre (a) la débandade, (b) l’inflation, (c) le non-remboursement [des bons du Trésor]. Autrement dit, le rendement des obligations est fixé en vue de la déflation, ce qui jète le doute sur le rallye boursier. » 
    La déflation est désormais visible dans tous les secteurs de l’économie. Les banques se retrouvent confrontées à des pertes majeures sur leurs actifs douteux et leurs prêts défaillants. (Un article récent paru dans US News and World Report prédit que le taux des pertes sur les prêts bancaires pourrait augmenter de 9,1%, pire que dans les années 30.) Les institutions financières et les ménages continuent de réduire leur ratio d’endettement et remboursent leurs dettes, l’investissement des entreprises a atteint un record de faiblesse et le chômage monte en flèche. Les défauts de remboursement augmentent, les saisies [immobilières] et les faillites s’ajoutent à la liquidation massive de la dette qui a provoqué un déclin régulier de l’activité économique. 

    Les exportations sont en baisse, ainsi que le transport routier. Le fret ferroviaire a chuté de 18% au cours des douze derniers mois. Les grands magasins, les matériaux de construction, les restaurants, les ventes de mobilier, les équipements ménagers, les voyages, le commerce de détail, les équipements d’extérieur, la technologie, tous sont en chute-libre. Tous les secteurs sont en baisse. Le crédit à la consommation chute et l’épargne des particuliers augmente. La production industrielle est en baisse, l’indice des prix à la production est en baisse. La capacité d’utilisation [des outils de production] a glissé à 68,5 % (un autre record). Il y a un tel ralentissement des affaires que l’inflation pourrait être faible pendant des années. L’immobilier commercial – un secteur qui représente 3,5 trillions de dollars – plonge plus vite que l’immobilier d’habitation. Les défauts de remboursement des obligations d’entreprises ont atteint des records, le rendement des bons du Trésor est plat et l’indice du dollar est sur le point de vaciller. C’est une terre à l’abandon. 

    Le principal problème est une demande en baisse à cause des salaires qui stagnent. 30 années d’hystérie contre le travail et une théorie économique, selon laquelle la richesse de quelques-uns aura un effet positif sur toutes les couches sociales, a produit un système dans lequel le PIB [des Etats-Unis] dépend d’une quantité toujours plus élevée de dettes personnelles. Mais cela ne peut pas fonctionner longtemps. Lorsque la bulle immobilière a éclaté en 2006, le prix des actifs a commencé à vaciller et, pour des millions de ménages, leur ratio d’endettement calculé sur la valeur de leur maison a glissé dans le rouge. A présent, la phase de retournement est arrivée. 

    Il est mathématiquement impossible que l’économie se rétablisse sans une consommation forte, mais la dépense des consommateurs continuera de s’affaisser jusqu’à ce que l’effet de levier des ménages retrouve sa tendance de long-terme. (L’endettement des ménages est actuellement de 27% au-dessus de sa tendance normale : d’environ 3 trillions de dollars). Les économistes Martin N. Baily, Susan Lund et Charles Atkins ont rédigé une analyse précieuse « à lire absolument », pour le McKinsey Global Institute, sur la situation désespérée des consommateurs américains, et intitulée : "Will U.S. Consumer Debt Reduction Cripple the Recovery?" [La réduction de la dette des consommateurs américains paralysera-t-elle la reprise économique ?]. En voici un extrait : 
    « Entre 2000 et 2007, les ménages américains ont mené une frénésie nationale d’emprunt qui a presque doublé leurs dettes en souffrance pour atteindre 13,8 trillions de dollars. Le montant de la dette des ménages américains, amassée jusqu’en 2007, était sans précédent, qu’elle soit mesurée en valeur nominale, en part du PIB (98%), ou comme ratio d’endettement par rapport au revenu personnel disponible (138%). Mais alors que la crise financière et économique mondiale s’aggravait à la fin de l’année dernière, un changement s’est produit : pour la première fois depuis la Deuxième Guerre Mondiale, les ménages américains ont réduit leur dette en souffrance. […] Nous montrons que l’incidence sur la consommation à la suite de la réduction de l’endettement des ménages – ou effet de levier inversé – dépendra du fait qu’elle s’accompagnera ou non de la croissance des revenus personnels. 

    « Au cours des dix dernières années, la dépense des ménages américains a servi de moteur principal à la croissance économique des Etats-Unis. Entre 2000 et 2007, la consommation annuelle des particuliers aux Etats-Unis a augmenté de 44%, passant de 6,9 à 9,9 trillions de dollars – plus vite que la croissance du PIB ou des revenus des ménages. Pendant cette période, la consommation a compté pour 77% de la croissance réelle du PIB américain – un chiffre élevé en comparaison au passé des Etats-Unis et à l’expérience internationale. Les tendances dépensières des Américains ont aussi alimenté la croissance économique mondiale. Les Etats-Unis comptaient pour 1/3 de la croissance totale de la consommation mondiale des particuliers depuis 1990. […] Pour faire tourner la folie dépensière des Etats-Unis jusqu’en 2007, il y avait trois stimulants puissants : la brusque montée de l’endettement des ménages, la chute de l’épargne et l’appréciation rapide des actifs. » (Martin N. Baily, Susan Lund et Charles Atkins, "Will U.S. Consumer Debt Reduction Cripple the Recovery?" McKinsey Global Institute.) Je répète : « La consommation comptait pour 77% de la croissance réelle du PIB des Etats-Unis, au cours de cette période ». […] « Les Etats-Unis comptaient pour 1/3 de la croissance totale de la consommation mondiale des particuliers. » 
    A présent, il devrait être assez évident que les consommateurs américains subissent un changement générationnel et qu’ils ne pourront pas être les moteurs de la sortie de la récession, comme ils l’ont été dans le passé. Ils ne « rebondiront » pas non plus miraculeusement pour fournir la demande aux produits fabriqués à l’étranger. En fait, le modèle basé sur les exportations (l’Allemagne, la Corée du Sud, le Japon et la Chine) sera sûrement compromis d’une façon qui n’était pas imaginable il y a encore deux ans. Avec les lignes de crédit qui sont coupées, les dettes en souffrance qui ont été réduites de plusieurs trillions de dollars au cours des seuls 12 derniers mois et le chômage qui approche les 10% (16% en termes réels), le consommateur [américain] ne sera pas la locomotive qui tirera l’économie mondiale. La destruction du crédit, la liquidation des actifs à tout prix, les défauts de paiement et les saisies immobilières se poursuivront pendant le futur prévisible, étouffant la croissance et poussant le chômage vers des sommets. Les modèles de consommation changent radicalement, même si leur impact ne se fera pas sentir avant que les programmes de stimulation du gouvernement [américain] s’épuisent. C’est à ce moment là que les signes de la Grande Dépression réapparaîtront à nouveau. 

    Voilà pourquoi Bernanke n’aurait jamais dû être reconduit dans ses fonctions de président [de la Réserve Fédérale]. Bernanke comprend les problèmes – des banques surendettées, des consommateurs qui ont trop tiré sur la ficelle, des instruments de crédit exotiques (les dérivés de crédit) et un système financier devenus incontrôlables – mais il a refusé de faire quoi que ce soit là-dessus. Il n’a pris aucune initiative pour re-réglementer le système financier, par contre (ce qui est assez comique), il veut que le Congrès récompense son inaction en l’élevant au grade de « Régulateur en Chef ». Vous faites le calcul ? Il n’a également rien fait pour déterminer quelles institutions peuvent être sauvées et celles pour lesquelles il faudrait prendre des mesures conservatoires et mettre leurs actifs aux enchères. A la place, il a donné une garantie globale à toutes les maisons de courtage de Wall Street : leurs titres pourris peuvent être aisément échangés contre des bons du Trésor ou des liquidités dans n’importe laquelle des agences bien pratiques de la FED. Ce n’est pas le signe d’un jugement sain, c’est le signe du « piège de la réglementation ». Bernanke est facile à convaincre : il est un président chiffe-molle. Voilà pourquoi Wall Street l’adore : il leur donne du capital bon marché d’une main et une tape sur l’épaule de l’autre main. 

    Il n’y a aucun secret sur ce qui va de travers avec l’économie : les banques se démènent et les consommateurs sont fauchés. Mais il y a des remèdes qui nécessitent tout simplement une nouvelle manière de penser la régulation et la façon de maintenir la demande générale. (Un coup de pouce aux salaires serait un bon début.) Le véritable problème est le parti pris institutionnel de la FED elle-même. Les politiques de la banque centrale sont façonnées par son allégeance à ceux qui la composent, en particulier les grosses banques. Tout ce qui ne fait pas avancer les objectifs de l’establishment financier n’est tout simplement pas dans le radar de la FED. Voilà pourquoi les efforts bancals de Bernanke à rétablir l’économie continueront de bafouiller, parce que nous sommes allés aussi loin que nous le pouvions sans assainir les bilans des ménages et sans purger la dette excessive présente dans le système. 

    La FED est un obstacle au changement, ce qui explique pourquoi de plus en plus de gens commencent à comprendre qu’elle doit disparaître. 
    Traduit de l'anglais (US) par JFG-QuestionsCritiques

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    note:

    [1] Le mark-to-model consiste à évaluer régulièrement, voire en permanence, une position sur la base de sa valeur observée sur le marché au moment de l’évaluation. Le mark-to-market permet en particulier de déterminer si le détenteur de positions sur des produits dérivés satisfait aux exigences de dépôts de garanties ou s’il s’expose à des appels de marge. (Source : Vernimmen)


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  • Révélations de Shlomo Sand sur le "peuple juif" 1:

     

    Révélations de Shlomo Sand sur le "peuple juif" 2

     

    Je ne saurais trop vous conseiller de lire son ouvrage tres intéressant : Comment le peuple juif fut inventé - Fayard - Shlomo Sand 

     


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  • Dé-dollarisation : le démantèlement de l’empire militaire et financier américain

    Source : Alterinfo Michael Hudson Samedi 29 Août 2009

    La ville Russe de Iekaterinbourg, la plus importante à l’est de l’Oural, pourrait désormais être connue comme le lieu où sont morts non seulement les tsars mais aussi l’hégémonie américaine. Non pas uniquement l’endroit où le pilote américain Gary Powers a été abattu en 1960, mais aussi celui où l’ordre financier international dominé par les USA a été mis à bas.  




    La remise en cause de l’Amérique sera le thème principal des réunions élargies de Iekaterinbourg, en Russie (ex-Sverdlovsk) des 15 et 16 Juin rassemblant le président chinois Hu Jintao, le président russe Dmitri Medvedev et les représentant les six pays de l’ Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). Cette alliance regroupe la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Tadjikistan, le Kirghizstan et l’Ouzbékistan. L’Iran, l’Inde, le Pakistan et la Mongolie y ont le statut d’observateurs. Mardi le Brésil s’y joindra pour les discussions commerciales entre les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine).  


    Les participants ont assuré à des diplomates américains que leur objectif n’était pas le démantèlement de l’ empire financier et militaire des États-Unis. Ils veulent simplement discuter de l’aide mutuelle, indépendamment du rôle des États-Unis, de l’OTAN ou du dollar américain en tant que support du commerce international. Les diplomates américains se demandent ce que cela signifie vraiment, si ce n’est une étape visant à rendre l’hégémonie américaine obsolète. C’est ce que signifie « monde multipolaire », après tout. Pour commencer, en 2005, l’OCS avait demandé à Washington d’établir un calendrier de retrait de ses bases militaires en Asie centrale. Deux ans plus tard, les pays de l’OCS se sont ralliés officiellement à la position des ex-républiques de la CEI appartenant à l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC), qui avait été fondée en 2002 en tant que contrepoids à l’OTAN.  




    Pourtant, la réunion n’a suscité que le désintérêt collectif de la presse aux États-Unis et même en Europe, bien que l’ ordre du jour y soit de remplacer le standard mondial du dollar par un nouveau système financier, ainsi qu’un nouveau système de coopération pour la défense. Un porte-parole du Conseil des Relations Extérieures (Un institut d’études géopolitiques américain, ndt) a déclaré qu’il pouvait difficilement imaginer que la Russie et la Chine puissent surmonter leurs rivalités géopolitiques [1], suggérant que l’Amérique peut pratiquer le « diviser pour régner » que la Grande-Bretagne a si habilement utilisé durant de nombreux siècles pour fragmenter les opposition dans son propre empire. Mais George W. Bush ( qui déclarait « Je suis un rassembleur, non un diviseur ») s’est placé dans la continuité de l’administration Clinton pour pousser la Russie, la Chine et leurs voisins à trouver un terrain d’entente, lorsqu’il s’agit de trouver une alternative au dollar, et du même coup à la possibilité pour les Etats-Unis de prolonger indéfiniment leur déficit de la balance des paiements. 


    Cette séquence, qui pourrait représenter les dernières manifestations de l’hégémonie américaine, a débuté dès le mois d’avril lors de la conférence du G-20, et est devenue encore plus explicite à Saint-Pétersbourg au Forum économique international du 5 Juin, lorsque M. Medvedev a demandé à la Chine, la Russie et l’Inde de « construire un ordre mondial de plus en plus multipolaire. » Ce qui signifie en clair : nous avons atteint nos limites en ce qui concerne les subventions à l’encerclement militaire de l’Eurasie par les Etats-Unis, tout en les laissant s’approprier nos exportations, nos entreprises, les actifs et les biens immobiliers en échange d’une monnaie de papier de valeur douteuse.  




    « Le système unipolaire maintenu artificiellement » dont a parlé M. Medvedev [2], est fondé sur « un seul grand centre de consommation, financé par un déficit croissant, et donc de plus en plus de dettes, une monnaie de réserve jadis forte et une domination dans le système de l’évaluation des actifs et des risques. » A la racine de la crise financière mondiale, a t-il conclu, il y a le fait que les États-Unis produisent trop peu et dépensent trop. Leurs dépenses militaires sont particulièrement choquantes, comme par exemple le renforcement de l’aide militaire américaine à la Géorgie annoncé la semaine dernière, le bouclier de l’OTAN en Europe de l’Est, et la mainmise des États-Unis dans les régions riches en pétrole comme le Moyen-Orient et l’Asie centrale.  




    Le point de friction avec tous ces pays est celui de la capacité qu’ont les États-Unis de faire fonctionner indéfiniment la planche à billets. Le surplus de dépenses d’importations des consommateurs américains par rapport aux exportations, les rachats par les USA de quantités de sociétés étrangères et de biens immobiliers, les dépenses que le Pentagone effectue à l’étranger : tous ces dollars aboutissent dans les banques centrales étrangères. Elles sont ensuite confrontées à un choix difficile : soit recycler ces dollars aux États-Unis en achetant des bons du trésor américains, soit laisser le « marché libre » déterminer le cours de leur monnaie par rapport au dollar - et par là même à déterminer le prix de leurs exportations sur les marchés mondiaux, créant ainsi du chômage et provoquant la faillite d’entreprises.  




    Lorsque la Chine et d’autres pays recyclent leurs flux de dollar US en achetant des bons du Trésor pour « investir » aux États-Unis, cette accumulation n’est pas vraiment volontaire. Cela ne reflète pas une foi en l’économie américaine qui rémunèrerait l’épargne des banques centrales, ni une quelconque préférence d’investissement, mais tout simplement un manque d’alternatives. Les « marchés libres » à la mode des USA piègent les pays dans un système qui les obligent à accepter indéfiniment des dollars. Mais désormais, ils veulent en sortir.  




    Cela implique la création d’une nouvelle alternative. Plutôt que de faire simplement « des changements cosmétiques comme certains pays et peut-être les organisations financières internationales pourraient le vouloir », comme l’a dit M. Medvedev à Saint-Pétersbourg : « ce dont nous avons besoin, ce sont des institutions financières d’un type tout à fait nouveau, où ne domineraient ni les problèmes politiques et les motivations [sous-jacentes], ni aucun pays en particulier. »  




    Lorsque les dépenses militaires à l’étranger ont provoqué le déficit la balance des paiements US et ont conduit les Etats-Unis à abandonner l’étalon or en 1971, les banques centrales se sont trouvées démunies de cet actif traditionnellement utilisé pour solder les déséquilibres des paiements. La solution par défaut a consisté à investir les flux issus des paiements ultérieurs en obligations du Trésor américain, comme si celles-ci étaient « aussi fiables que l’or ». Les banques centrales détiennent maintenant pour 4 000 milliards de dollars de ces obligations dans leurs réserves internationales. Ces prêts ont également financé la plupart des déficits budgétaires du gouvernement américain depuis maintenant plus de trois décennies ! Etant donné que la moitié environ des dépenses discrétionnaires du gouvernement américain est consacrée aux opérations militaires - dont plus de 750 bases militaires à l’étranger et dans des opérations de plus en plus coûteuses dans les pays producteurs de pétrole et ceux qui permettent son transit - le système financier international est organisé de manière à financer le Pentagone, ainsi que les rachats par les États-Unis d’actifs étrangers censés rapporter beaucoup plus que les bons du Trésor que les banques centrales étrangères détiennent.  




    La principale question à laquelle sont confrontées les banques centrales mondiales est donc de savoir comment éviter d’ajouter encore plus de dollars US à leurs réserves et, par conséquent, de financer encore plus les dépenses qui creusent le déficit des États-Unis - y compris les dépenses militaires à leurs propres frontières ?  




    Pour commencer, les six pays de SCO et les pays du BRIC ont l’intention de commercer dans leurs propres monnaies afin de bénéficier mutuellement du crédit que les États-Unis avait monopolisé jusqu’à présent à son profit. À cette fin, la Chine a passé des accords bilatéraux avec l’Argentine et le Brésil pour effectuer leur échanges commerciaux en renminbi, la monnaie chinoise, plutôt qu’en dollar, en livre sterling ou en euros [3] . Il y a deux semaines, la Chine a également conclu un accord avec la Malaisie pour que les deux pays commercent en renminbi [4]. L’ancien Premier ministre, le Dr. Tun Mahathir Mohamad, m’a expliqué en janvier qu’en tant que pays musulman la Malaisie voulait éviter de faire tout ce qui pourrait faciliter l’action militaire américaine contre les pays islamiques, y compris la Palestine. La nation a trop d’actifs en dollars, ont expliqué ses collègues. Le gouverneur de la Banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, a écrit officiellement sur son site Internet que l’objectif est maintenant de créer une monnaie de réserve « indépendante d’une nation particulière » [5]. C’est l’objet des discussions à Iekaterinbourg.  




    En plus d’éviter de financer la prise de contrôle par les États-Unis de leur propre industrie et l’encerclement militaire américain de la planète, la Chine, la Russie et d’autres pays voudraient certainement se développer comme l’Amérique l’a fait. En fait, ils considèrent les États-Unis comme une nation hors-la-loi, financièrement et militairement. Comment caractériser autrement une nation qui promulgue un ensemble de lois pour les autres - sur la guerre, le remboursement de la dette et le traitement des détenus - mais n’en tient pas compte elle-même ? Les États-Unis sont maintenant le plus grand débiteur mais ont évité la punition des « ajustements structurels » imposés à d’autres pays endettés. Les taux d’intérêt US et les réductions d’impôt, alors les déficits commerciaux et budgétaires explosent, sont considérés comme le comble de l’hypocrisie, lorsqu’ils sont comparés à l’austérité que les programmes de Washington imposent aux autres pays par le biais du FMI et des officines de Washington.  




    Les États-Unis demandent aux pays endettés de vendre leurs services publics et leurs ressources naturelles, d’augmenter leurs taux d’intérêts et d’augmenter les impôts au détriment de la paix sociale pour dégager un maximum d’argent et payer les créanciers.  




    Et aux USA, le Congrès a empêché la société Chinoise CNOOK d’acheter Unocal pour des raisons de sécurité nationale, tout comme il a empêché Dubaï d’acquérir des exploitations portuaires américaines et empêché des fonds souverains d’acheter des infrastructures clés. Les étrangers sont invités à imiter les japonais qui avaient investi dans des « éléphants blancs » comme le Rockfeller Center, sur lequel les investisseurs ont rapidement perdu un milliard de dollars puis ont fini par se retirer.  




    À cet égard, les États-Unis n’ont pas vraiment laissé à la Chine et aux autres pays en situation d’excédent de la balance des paiements d’autres choix que de devoir trouver un moyen d’éviter de nouvelles accumulations de dollars. À ce jour, la Chine tente de diversifier ses avoirs en dollars ailleurs qu’en bons du Trésor US, qui ne se sont pas révélés très fructueux. Hank Paulson, qui venait de la banque Goldman Sachs, avait conseillé à la banque centrale chinoise d’investir dans les titres à haut rendement émis par Fannie Mae et Freddie Mac, en expliquant que ceux-ci étaient de facto des obligations publiques. Ces titres se sont effondrés en 2008, mais au moins, le gouvernement américain a repris ces deux organismes de prêt hypothécaire, augmentant de facto de 5 200 milliards de dollars la dette nationale. En fait, ce renflouement a été rendu nécessaire en grande partie à cause des investissements effectués par les Etats étrangers.  




    Infliger des pertes aux investisseurs gouvernementaux étrangers aurait quelque peu atteint la réputation des bons du Trésor, non seulement en détruisant la crédibilité des États-Unis, mais aussi parce que les émissions d’obligations par le gouvernement étaient insuffisantes pour absorber les dollars qui coulaient à flot dans l’économie mondiale avec la montée en flèche du solde déficitaire de la balance des paiements des États-Unis.  




    En recherchant de nouveaux actifs pour protéger la valeur de leurs avoirs en dollars alors que la bulle de crédit de la Réserve fédérale se traduisait par une baisse des taux d’intérêt, les fonds souverains chinois ont cherché à se diversifier à la fin de 2007. La Chine a pris des participations dans les fonds d’ investissement Blackstone et Morgan Stanley à Wall Street, Barclays en Grande-Bretagne, dans la Standard Bank d’Afrique du Sud (qui fut affiliée à la Chase Manhattan du temps de l’apartheid dans les années 1960) et dans le conglomérat financier belge Fortis proche de l’effondrement. Mais le secteur financier américain s’écroulait sous le poids de sa dette phénoménale, la valeur des actions des banques et des firmes d’investissement a plongé dans le monde entier.  




    Les étrangers voient le FMI, la Banque mondiale et l’Organisation Mondiale du Commerce comme les représentants de Washington dans un système financier soutenu par les bases militaires américaines et les porte-avions qui entourent la planète. Mais cette domination militaire est un vestige d’un empire américain qui n’est plus en mesure de régner par sa force économique. La puissance militaire américaine est basée davantage sur des armes atomiques et les frappes aériennes à longue distance que sur les opérations au sol, qu’il est devenu politiquement trop impopulaire de monter sur une grande échelle.  




    Sur le front économique, on ne voit pas comment les États-Unis pourraient trouver les 4 000 milliards de dollars qu’ils doivent aux gouvernements étrangers, à leurs banques centrales et aux fonds souverains mis en place pour écluser la surabondance de dollars. L’Amérique est devenue un mauvais payeur et de fait, une mauvais payeur agressif sur le plan militaire, car elle cherche à conserver le pouvoir sans pareil jadis gagné sur le plan économique. La question qui se pose est de savoir comment peser sur son comportement. Yu Yongding, un ancien conseiller de la banque centrale de Chine désormais membre de l’Académie des Sciences chinoise, a proposé de faire remarquer au secrétaire américain au Trésor Tim Geithner que les États-Unis devraient « épargner » d’abord et avant tout en pratiquant une réduction de leur budget militaire. « Les recettes fiscales des Etats-Unis ne sont pas susceptibles d’augmenter à court terme en raison de la faible croissance économique, de la rigidité des dépenses et du coût de mener deux guerres. » [6]  




    À l’heure actuelle, c’est l’épargne étrangère, et non pas celle des américains, qui finance le déficit budgétaire américain en achetant la plupart des bons du Trésor. Cela se traduit par un impôt levé sans la contrepartie d’une représentation des électeurs étrangers sur la manière dont le gouvernement des États-Unis utilise leur épargne forcée. Pour les « diplomates » du système financier , il est donc nécessaire d’élargir le champ d’application de leurs politiques, au-delà du seul marché de secteur privé. Les taux de change sont déterminés par de nombreux facteurs, en plus de celui des « consommateurs brandissant des cartes de crédit » , pour reprendre l’euphémisme habituel qu’utilisent les médias américains à propos du déficit de la balance des paiements. Depuis le 13ème siècle, la guerre a été un facteur dominant dans la balance des paiements des grandes nations - et de leurs dettes. Les obligations d’Etat financent essentiellement des dettes de guerre, dans la mesure ou en temps de paix les budgets ont tendance à être équilibrés. Ceci relie directement le budget de la guerre à la balance des paiements et aux taux de change.  




    Les pays étrangers se voient encombrés de reconnaissances de dette qui ne seront pas honorées - dans des conditions telles que s’ils agissent afin de mettre fin au festin américain, le dollar va plonger et leurs avoirs en dollars vont chuter par rapport à leur monnaie nationale et aux autres devises. Si la monnaie chinoise s’apprécie de 10% par rapport au dollar, sa banque centrale enregistrera l’équivalent de 200 milliards de dollars de pertes sur ses 2 000 milliards de dollars.  




    Cela explique pourquoi, quand les agences de notation envisagent que les titres du Trésor des États-Unis puissent perdre leur notation AAA, elles ne veulent pas signifier que le gouvernement ne serait pas en mesure d’imprimer des dollars papier pour honorer ses dettes. Elles indiquent plutôt que la valeur du dollar va se déprécier internationalement. Et c’est exactement ce qui se passe en ce moment. Lorsque M. Geithner prit un visage grave pour déclarer devant un auditoire à l’Université de Pékin au début du mois de Juin qu’il croyait en un « dollar fort » et que les investissements de la Chine aux États-Unis étaient sûrs, il a été accueilli par des rires sarcastiques [7].  




    L’anticipation d’une hausse des taux de change de la Chine incite les spéculateurs à chercher à emprunter des dollars pour acheter du renminbi et bénéficier de la hausse. Pour la Chine, le problème est que ce flux spéculatif deviendrait une prophétie auto-réalisatrice en faisant grimper sa monnaie. De ce fait, le problème des réserves est intrinsèquement lié à celui des contrôles de capitaux. Pourquoi la Chine devrait-elle voir ses compagnies rentables vendues pour des dollars fraîchement créés, que la banque centrale doit utiliser pour acheter à faible taux des bons du trésor américain ou perdre encore plus d’argent à Wall Street ? Pour éviter ce dilemme, il est nécessaire d’inverser la philosophie de l’ouverture des marchés de capitaux que le monde a adopté depuis Bretton Woods en 1944.  




    A l’occasion de la visite de M. Geithner en Chine, « Zhou Xiaochuan, directeur de la Banque populaire de Chine, la banque centrale du pays, a déclaré que c’était la première fois depuis que les pourparlers semestriels ont commencé en 2006, que la Chine avait besoin d’apprendre des erreurs de l’Amérique tout comme de ses succès » lorsqu’il fut question de la déréglementation des marchés de capitaux et du démantèlement des contrôles.  




    Une ère est donc arrivée à son terme. Face à des dépenses démesurées des Etats-Unis, la dé-dollarisation menace de forcer les pays à revenir aux doubles taux de change, qui furent fréquents entre les deux guerres mondiales : un taux de change pour le commerce des produits, un autre pour les mouvements de capitaux et les investissements, tout au moins pour les économies de la zone dollar [8].  




    Même sans contrôle des capitaux, les pays réunis à Iekaterinbourg prennent des mesures pour éviter de recevoir involontairement de plus en plus de dollars. Voyant que l’hégémonie globale des États-Unis ne peut pas se poursuivre en l’absence du pouvoir d’achat qu’ils leur procurent eux-mêmes, ces gouvernements cherchent à hâter ce que Chalmers Johnson a nommé dans son ouvrage « les douleurs de l’empire » : la faillite de l’ordre mondial financier et militaire américain. Si la Chine, la Russie et leurs alliés non-alignés suivent leur propre chemin, les États-Unis ne pourront plus vivre grâce à l’épargne des autres (sous la forme de leurs propres dollars recyclés), ni disposer de cet argent pour financer des dépenses militaires illimitées.  




    Des responsables américains voulaient assister à la réunion de Iekaterinbourg en tant qu’observateurs. On leur a répondu : non. C’est un mot que les américains vont entendre beaucoup plus souvent à l’avenir.  


    Article original en anglais, De-Dollarization: Dismantling America’s Financial-Military Empire, The Yekaterinburg Turning Point 

    Traduction Madeleine Chevassus pour Contre Info. 





    Notes 


    [1] Andrew Scheineson, “The Shanghai Cooperation Organization,” Council on Foreign Relations, Updated : March 24, 2009 : “While some experts say the organization has emerged as a powerful anti-U.S. bulwark in Central Asia, others believe frictions between its two largest members, Russia and China, effectively preclude a strong, unified SCO.” 


    [2] Kremlin.ru, June 5, 2009, in Johnson’s Russia List, June 8, 2009, #8. 


    [3] Jamil Anderlini and Javier Blas, “China reveals big rise in gold reserves,” Financial Times, April 24, 2009. See also “Chinese political advisors propose making yuan an int’l currency.” Beijing, March 7, 2009 (Xinhua). “The key to financial reform is to make the yuan an international currency, said [Peter Kwong Ching] Woo [chairman of the Hong Kong-based Wharf (Holdings) Limited] in a speech to the Second Session of the 11th National Committee of the Chinese People’s Political Consultative Conference (CPPCC), the country’s top political advisory body. That means using the Chinese currency to settle international trade payments ...” 


    [4] Shai Oster, “Malaysia, China Consider Ending Trade in Dollars,” Wall Street Journal, June 4, 2009. 


    [5] Jonathan Wheatley, “Brazil and China in plan to axe dollar,” Financial Times, May 19, 2009. 


    [6] “Another Dollar Crisis inevitable unless U.S. starts Saving - China central bank adviser. Global Crisis ‘Inevitable’ Unless U.S. Starts Saving, Yu Says,” Bloomberg News, June 1, 2009. 


    [7] Kathrin Hille, “Lesson in friendship draws blushes,” Financial Times, June 2, 2009. 


    [8] Steven R. Weisman, “U.S. Tells China Subprime Woes Are No Reason to Keep Markets Closed,” The New York Times, June 18, 2008. 


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  • Le dirigeant de Greenpeace avoue que son organisation a arrangé des données sur le réchauffement climatique  

    Vendredi 21 Août 2009

       

    Gerd Leipold, directeur de Greenpeace

     

    Infowars.com, Joseph Watson, 20 août 2009


      Dans une affaire humiliante pour les tenants d’un réchauffement climatique d’origine humaine, le dirigeant de Greenpeace, Gerd Leipold, a été forcé d'admettre que son organisation a publié des informations trompeuses et exagérées quand elle a affirmé que les glaces de l'Arctique pourraient disparaître complètement d'ici à 2030.
     

    interview avec Stephen Sackur


      Dans l’émission Hardtalk de la BBC, lors d’une interview avec Stephen Sackur, Leipold a d'abord tenté de se soustraire à la question, mais a finalement été forcé de reconnaître que Greenpeace a fait une erreur en disant que les glaces de l'Arctique pourraient disparaître complètement d'ici 20 ans.


      Cette affirmation figure dans un communiqué de presse de Greenpeace du 15 juillet, intitulé Une action urgente est nécessaire car les glaces de l'Arctique fondent, dans lequel il est indiqué que le réchauffement de la planète conduira à un arctique libre de glace en 2030.


      Accusant Leipold et Greenpeace de propager des « informations trompeuses » basées sur « l’exagération et l'alarmisme, » Sackur a souligné qu'il est « absurde » de prétendre que la calotte glaciaire du Groenland, une masse de 1,6 millions de kilomètres carrés, de 3 km d’épaisseur dans le milieu, qui a survécu à des périodes bien plus chaudes de l'histoire, fondrait complètement, alors qu’elle a résisté pendant des centaines de milliers d'années.


     
    « Il n'y a aucun moyen pour que la calotte glaciaire disparaisse, » a déclaré Sackur.


      « Je ne pense pas qu’elle sera fondue en 2030… Cela pourrait avoir été une erreur, » a finalement été forcé d'admettre Leipold.


      Leipold n’a toutefois fait aucune excuse pour la tactique de Greenpeace, destinée à « donner une qualité émotionnelle à la question, » pour tenter d'obtenir l’adhésion du public envers sa position sur le réchauffement de la planète.


      Il a aussi soutenu que la croissance économique aux États-Unis et dans le monde devrait être réprimée et que la surpopulation et le haut standing de vie doivent être combattus à cause des dommages perceptibles qu'ils infligent à l'environnement -- une rhétorique eugéniste que reconnaîtront nos lecteurs et toute personne ayant vu le documentaire Endgame d’Alex Jones.


      Comme le blog de Watts Up With That le souligne, « La confession de Leipold, selon laquelle Greenpeace a publié des informations trompeuses, est un grand emmerdement pour l'organisation, qui a souvent été accusée d'alarmisme mais a toujours insisté sur le fait qu'elle applique une grande rigueur scientifique dans ses déclarations sur le réchauffement de la planète. »


      Surgissant presque chaque été, des affirmations similaires, d’après lesquelles le pôle nord sera libre de glace, sont cependant régulièrement démenties.


      D’ailleurs, on a découvert que, entre août 2007 et août 2008, la banquise arctique a en fait augmenté d'environ 30 pour cent, d’une surface équivalente à la taille de l'Allemagne.


      Une nouvelle étude révisée par les pairs a aussi découvert que, « Par rapport à ce qu’on pensait auparavant, le total des précipitations annuelles sur la calotte glaciaire du Groenland entre 1958 et 2007 est supérieur de 24% et le bilan [cumul des précipitations moins fonte et sublimation de la glace, ndt] de la masse de surface est jusqu'à 63% plus grand. »


     
    Dans un autre exemple de tromperie du public scandaleuse, que nous avions signalé l'année dernière, les spécialistes du climat alliés avec le GIEC de l’ONU ont aussi été attrapés en train de débiter des données fausses pour démontrer que le réchauffement s'accélère.


      En novembre 2008, le Goddard Institute for Space Studies (GISS) de la NASA, géré par le Dr James Hansen, le chef scientifique allié d’Al Gore, avait annoncé que le mois d’octobre précédent était le plus chaud enregistré. Il est apparu par la suite que les données produites par la NASA pour soutenir son affirmation, et en particulier les enregistrements de température couvrant de vastes régions de Russie, étaient simplement repris sur le mois précédent. La NASA a utilisé les relevés de température naturellement plus chaudes du mois de septembre et affirmé qu'ils représentaient les chiffres de la température d’octobre.



    Original : www.infowars.com/greenpeace-leader-admits-organization-put-out-fake-global-warming-data/
    Traduction libre de Pétrus Lombard pour Alter Info
     


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